Zoor
Zoor
Zoor est une formation déconcertante. Une entreprise de décomposition de la musique en ses éléments les plus constitutifs. Sons, phrasés, harmonies réduits à leur plus simple expression, abandonnés à eux-mêmes, sans lien ou sens apparents. Sans artifice, peut-être sans art tout court. Une accumulation de petits presque riens, où même les instruments s'effacent pour ne laisser place qu'à la matière, cuivre, bois, peau... Une épure qui oublie toute attitude scénique, toute tentation du beau, du bon, du comme il faut ou il ne faudrait pas. Ils disent chercher « à jouer comme si elle avait toujours existé une musique qu'ils ne connaissent pas ». Nous non plus donc, a priori. Musique nouvelle ? Non-musique ? Exercice de style ? Les questions, les doutes apparaissent à l'écoute des premières minutes de leurs concerts. Si ce n'est que... Pendant ce temps, quelque chose s'installe, insidieux mais imparable, et qui nous ramène à l'essentiel, à l'essence de la musique. Finalement le voyage a bien lieu. Et sans avoir réalisé qu'on décollait, on se retrouve loin, perdu dans un ailleurs musical qui ne tient même plus du dépaysement, presque une autre planète. Et pas plus d'atterrissage... Ne reste qu'une sensation déroutante à la fin du set, comme si rien ne s'était joué ici, l'impression d'avoir raté un truc, tout en ayant conscience d'avoir vécu quelque chose de grand, d'une richesse inouïe. Déconcertant...