Digital Primitives

Photo Digital Primitives © DR
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Concert

Digital Primitives

Ceux qui ont pu assister en 2004 au concert Assif Tsahar / Cooper-Moore gardent certainement encore en mémoire ce moment d’intense jubilation. Depuis, le duo s’est transformé en ce Digital Primitives, avec l’arrivée du batteur Chad Taylor, pilier des scènes créatives rock et jazz de Chicago et New York (Marc Ribot, Tortoise, Charles Gayle, Transam, Joe Mc Phee, Henry Grimes, William Parker, Chicago Underground duo, trio, quartet...). Loin de nuire à la profonde cohésion du duo originel, il en renforce au contraire le groove imparable et y apporte même un semblant de sérénité avec sa gestuelle toute en retenue, son calme impérial, qui ne sont pas sans rappeler un certain Charlie Watts (la comparaison s’arrêtant là...). Une sérénité pourtant bien chahutée par le chant déchiré du free de Tsahar et les instruments improbables (arc à bouche, banjo approximatif, percussions culinaires...) sortis de l’imaginaire fertile de Cooper-Moore, performer halluciné et hallucinant, poète et scater fou, débarqué d’on ne sait quelle planète lointaine.
À eux trois, ils invoquent tous les esprits de la Great Black Music, ses racines africaines, blues ou gospel. Leur plaisir de jouer, de partager, embarque le public dans une transe tribale jouissive, absolument hypnotique. Et lorsqu’ils concluent leur concert, tous les trois au chant, par un « Happy to be alive » irrésistiblement communicatif, le public, en sueur depuis déjà longtemps, hésite entre monter sur les tables et implorer une grâce salvatrice.