Burnt

© georges A.Romero
Concert

Burnt

Si d'un point de vue esthétique "La Nuit des Morts Vivants", réalisé en '68 par Georges A. Roméro, a peut-être pris quelques rides, le propos du film reste lui totalement d'actualité. Critique revendiquée d'un monde matérialiste où le consumérisme est roi, il pose aussi la question de la place de l'humain dans la société et évoque l'égoïsme ou le racisme quotidien. Un monument du cinéma de genre, dont l'ambiance singulière et forte se prête idéalement à l'exercice du ciné-concert. Il en existe d'ailleurs déjà un certain nombre, abordés dans tous les styles musicaux.

Mais, ici, la frénésie consommatrice qui accapare tous les esprits est traitée d'une manière innovante avec l'utilisation d'une quarantaine de téléviseurs. Un mur d'images sur lequel Émilien Denis projette le film, à la manière des portails médias sur lesquels tout est saturé d'informations, de publicités, d'incrustations, de bandeaux défilants... Démultiplié, le visuel devient ainsi matière à un travail de déstructuration. Et le procédé est lui-même renforcé, soutenu, amplifié par la musique du trio. Sorte de grind-core expé, volontairement très saturée, vibrante d'une multitude de sons, elle porte elle aussi son flot constant de messages. Un feu nourri qui matraque de données que le cerveau n'est plus en mesure de filtrer. Sur-sollicité, il finit par déconnecter et on se laisse happer par cette marée sonore et visuelle, flux et reflux permanent d'informations Un trop-plein qui, loin d'aboutir à l'écœurement, plonge le spectateur dans un état de transe hyper-sensitive.