ANNULE : Timothée Quost - Jean-Brice Godet
ANNULE : Timothée Quost - Jean-Brice Godet
Détournements de son. Aujourd’hui, jouer d’un instrument peut vouloir dire reconsidérer la façon dont on en a joué depuis des décennies. Les deux solos de cette soirée s’accordent avec cette bonne vieille croyance que défaire et refaire, c’est toujours faire.
Timothée Quost
Pour jouer de la trompette, c’est simple, il faut souffler dedans. Oui, mais ne faites pas trop les malins. Du moins, pas avant d’avoir pu voir Timothée Quost, Seul. D’aucuns le prendraient pour un mariachi asthmatique, prenons-le pour ce qu’il est, un regimbeur grande classe. Quost sature son propre espace sonore, les dents en avant et le palais large ouvert. Le plus souvent sans embouchure mais avec le corps entier. Et l’atmosphère qui sort de ce pavillon rendu incandescent évoque les braquages au démonte-pneus, les symphonies pixellisées et la guitare électrique comme certains joueurs la pratiquent (cf. Julien Desprez, par ailleurs dans cette programmation). Chez Quost, le souffle est définitivement vital. D’une maîtrise urgente. Presque plus puissant que le tût tût de Jéricho.
Jean-Brice Godet
Au début des années 80, Jonasz laissait des messages morts d’amour sur mini-cassettes. Au début des années 2020, Jean-Brice Godet enrôle, lui, dictaphones et radio au service de l’autofiction. Et cette intimité révélée, joueuse, et hardie, s’avère aussi drôle que mélancolique. Fort de ses compagnonnages avec Joëlle Léandre, Fred Frith et l’ONCEIM, Godet pousse même plus loin le bouchon. Les clefs de sa clarinette laissent naître de païennes petites épiphanies. Ces révélations qui pointent quand notre regard se pose sur une œuvre ou un paysage. Épiphanies, c’est aussi le titre de ce solo. Le son y joue le rôle de révélateur, de monocle sous lequel le tympan voit s’allumer et danser un ailleurs insoupçonné. Musique physique et concrète. Dense et communicative. Pas mal pour fêter le printemps.